LES YEUX ROUGES -- par Sir Archibald Waters.
Edgar Colson, docteur en psychologie et amateur de phénomènes paranormaux habitait et travaillait dans la ville de Phoenix, capitale de l'Arizona, dans les années quatre-vingt. Il avait alors entendu parler de l'histoire effrayante d'une paire d'yeux rougeoyants qui hantaient la vieille bâtisse de Casa Grande, une ancienne hacienda au sud de la ville. C'était une de ces maisons dans lesquelles personne ne voulait passer plus d'une nuit, mais un lieu suffisamment étrange pour exciter la curiosité de notre jeune scientifique.
C'est alors que Edgar Colson, et un autre éminent spécialiste dès lors le Révérend James Spencer, grand ami de notre psychologue, décidèrent une nuit d'explorer de fond en comble ce lieu étrange après avoir rassemblé leur matériel de chercheur : appareil-photos, détecteur protoplasmique, etc ...
Ils trouvèrent surtout une demeure qui avait du être riche et cossue autrefois mais depuis longtemps abandonnée. La maison se constitue de deux chambres à coucher et une salle de bain. Bien sur, il y a longtemps que les conduites d'eau et les fils électriques n'alimentent plus la maison. La porte d'entrée avait été arrachée et jetée au loin peut être par d'éventuels vandales ou des squatteurs, et les fenêtres étaient toutes brisées.
Le Révérend Spencer et Edgar Colson déballèrent leur équipement dans ce qui semblait être l'ancien salon de l'hacienda et décidèrent d'attendre.
L'ambiance était assez glauque et oprressante avec tous ces vieux portraits accrochés au mur, ces livres poussiéreux que plus personne n'ouvrait. Edgar se penchait sur les tranches pour en lire les titres, " Manuel de vampirisme "ou " Traité Nouveau de Théosophie", il y avait encore " Lycanthropes en Amérique " et beaucoup d'autres ouvrages sur la démonologie et la sorcellerie. Mais quel genre de gens vivaient donc ici ? Edgar Colson est alors revenu s'assoir a coté du révérend Spencer qui était en train de feuilleter sa Bible.
Edgar Colson s'était quelque peu assoupi lorsque quelques instants plus tard, le Révérend Spencer le tira de son demi-sommeil en lui indiqua quelque chose du coté des fenêtres du salon.
Edgar Colson sursauta, il y avait là, de l'autre côté de la vitre brisée et dans l'obscurité à peine troublée par la lueur chancelante de leur lampe à pétrole, une paire d'yeux rouges qui les fixaient intensément.
Les yeux semblaient se trouver à environ deux mètres au-dessus du sol et ils étaient larges de quelques centimètres de diamètre avec des pupilles félines qui se rétractaient à la lumière. Ces yeux rouges semblaient alors suivre au moindre déplacements que les deux hommes faisaient. Le Révérend Spencer arma alors son appareil photo pour prendre un cliché. Et les yeux rouges ne bougeaient pas mais concentraient leur regard sur les deux intrus.
Edgar Colson frissonnait non pas de peur, mais de froid. Curieusement, la température avait chuté de quelques degrés sans que le thermomètre qu'ils avaient amené eût pu déceler un changement notable de température, comme si le froid était ressenti uniquement que par eux-mêmes. Il y avait aussi comme une odeur bizarre, que l'on pouvait assimiler à l'odeur d'une charogne mais qui ne correspondait pas curieusement à l'odeur qui pouvait émaner d' un animal mort ou même un cadavre humain.
Les deux hommes sont restés ainsi jusqu'à l'aube naissante auquel moment où le regard a cessé et les yeux rouges ont mystérieusement disparu. Le Révérend Spencer a ramassé ses affaires et Edgar Colson aussi, et son sortis de la maison avec le sentiment toutefois d'être épiés à nouveau. Par réflexe, Edgar s'est retourné mais il n'a vu que le vent s'engouffrant dans les rideaux déchirés de la chambre du premier étage. Pourtant, il avait le sentiment que le rideau qui avait bougé n'était pas le fruit de l'action du vent ...
Les photographies prises par le Révérend Spencer ont été envoyé au département de parapsychologie de l'Université de l'Arizona où Edgar Colson travaille et d'autres spécialistes ont été envoyés sur le site. Mais aucune autre preuve n'a été et même les yeux rouges ne sont jamais plus revenu hanter la Casa Grande.
Edgar Colson et James Spencer ne savent toujours pas aujourd'hui ce que pouvait être ces yeux rouges et le département de l'université a bouclé le dossier. Mais une chose continue à hanter l'éminent psychologue la nuit dans son sommeil. Il continue de voir une paire d'yeux rouges qui le fixe intensément. Et le même air froid qui l'envahit alors que la pièce est chaude, comme si son corps était étrangement à la température de la Mort.